[French]
Eric Defoër présente du 5 décembre au 10 janvier 2015 à l’espace culturel Mémoire de l’Avenir, une série de 70 dessins. Ce projet figure une nouvelle expérimentation pour l’artiste, plus de rapidité dans l’exécution, qui lui a permis de tenir un journal, non pas intime, mais un journal d’observation, à la fois intérieur et extérieur. Le dessin devenant pour lui un lieu de réaction et d’émotion, plus instantanné que la peinture, mais tout aussi fort plastiquement et dans les messages qui y sont cachés.
Les dessins d’Eric Defoër sont intimement liés à l’Homme, à ses douleurs, ses espérances, ses contradictions, mais plus généralement lié au vivant car la faune et la flore tiennent une place importante dans l’oeuvre de l’artiste, tantôt symbolique, tantôt révélation de ses préoccupations les plus profondes. De sa peinture, puisque il s’agit du médium de prédilection d’Eric Defoër, on retrouve notamment le trait, une partie de sa palette, vive, la figure de l’oiseau...
« 59x42x70 » … sous ce titre énigmatique se révèle une exposition en forme de journal (papier…) qui trouve sont unité formelle dans la taille des œuvres (59/42)… et une part de sa diversité dans les techniques mises en œuvre et le fils des jours qui prend son temps (anti-tweet récalcitrant).
Format unique qui s’inscrit dans l’intime par nécessité et finit par faire contrepoint au monumental qui prévaut : l’intime au cœur de la préoccupation d’œuvres qui ne se peuvent regarder que seul ou à deux en miroir de l’intime de la relation à soi et de la relation de soi aux choses du monde, cet aller retour permanent et inévitable du dehors et du dedans, cette unité incontournable du fond et de la forme.
On trouverait aussi aisément une explication dans la position du corps dessinant, assis, penché sur la planche qui porte la feuille posée sur les genoux, la chambre close du corps qui donne à éclore.
En dépit de cette remarque il ne s’agit pas ici d’autobiographie pas plus que d’autofiction et ce serait une erreur que d’y vouloir chercher l’auteur qui n’est rien de plus que celui qui consent à faire et à se laisser faire. Ce sont des jours qui appartiennent à tout un chacun.
En dépit de la simplification des formes qui vise (symbolisme oblige) à saisir l’essence, en même temps qu’elle fait le lien avec la part d’enfance (laquelle ne me semble pas s’embarrasser de détails inutiles), la part majeure de la complexité et parfois du mystère tient dans le tramage et les superpositions du trait et de la couleur (expressionisme ?).
Ultime précision, l’espace et ses contraintes, on ne repousse pas comme on veut les murs, ont obligé à un choix, comme on choisi ses souvenirs, et sur plus de 100 jours (comme un retour d’exil) seuls en sont ici épinglés … « 70 ».
Eric Defoër, Saint Eustache le 14 novembre 2014