INTERPRETER c’est donner du sens, c’est une tentative de comprendre comment fonctionne le monde, c’est recourir à son imagination pour représenter sa propre manière de voir les choses.
L’Homme s’inscrit dans un processus constant d’interprétation et de réinterprétation de ce qui l’entoure, recherchant des réponses à ses questions sur l’humanité, la nature, la vie ou la mort.
L’homme interroge et produit des interprétations individuelles ou collectives, comme la science, le théâtre, le cinéma. Il regarde la nature pour inventer des façons de vivre et de communiquer.
C’est par le langage artistique que l’on se rapproche de la pensée symbolique de l'humanité, car il traduit une perception sensible d’observation de l'environnement.
A travers cette exposition Ré Interprétation, nous avons souhaité présenter les points de vues d’artistes au-delà des frontières géographiques et disciplinaires, à travers diverses réflexions sur le médium, la culture, la société, la pluralité et la temporalité des mémoires, la science…, afin de confronter leur regard au nôtre.
Megan Michalak [USA ]est une artiste de « Trans-Media ». En résidence actuellement à la cité internationale des arts.
Elle présente “We the future”, une fiction spéculative sur la possibilité de transmettre des messages au passé et à l’avenir. Ce travail est le fruit de trois années d’entretiens avec des citoyens parisiens et est destiné à être une capsule de temps dans laquelle figure des messages mentaux d’un spectre de citoyens Parisiens de 2011 à 2014.
Le travail de Megan Michaliak consiste à transposer les méthodes cinématographique / documentaires au media analogue pour récolter des messages du public et les confronter aux histoires du «narrateur non fiable». Il en résulte des traces, des archives de gens ordinaires face à l’Histoire et leurs tentatives pour y trouver un sens. www.meganmichalak.com
Vicenta Valenciano [Espagne] explore l’identité d’un monde globalisé, la fragmentation subie par le citoyen pour satisfaire ces nouvlles exigences.
Depuis 2010, elle travaille sur un concept qu’elle appelle la « Liquid painting», née de la nécessité d’exprimer les nouvelles caractéristiques de la société contemporaine. Ce concept est fortement influencé par la “Modernité Liquide” de Zygmunt Bauman qui décrit la métamorphose de la modernité, passant d’une phase solide à une phase liquide, caractérisée par une société en changement constant.
Les hommes et les femmes ont perdu toutes les références solides et doivent devenir de plus en plus adaptables, et cela de plus en plus vite.
De même, Ses peintures ont perdu la partie qui pourrait leur donner de la solidité, à savoir: son support.Il n’y a donc plus de toile, bois, papier ou tout autre type de matériel pour garder la peinture en forme. Le verso de la peinture est visible et dévoile ainsi le dessin initial ainsi que les premiers coups de pinceau, tandis que le recto montre le tableau final comme pour une peinture traditionnelle. L’oeuvre est libre de s’adapter à n’importe quelle forme sur laquelle elle repose ou elle peut être juste pendue seule. Cela change totalement
la façon de contempler un tableau et nous transporte à un univers de surfaces. www.liquid-painting.com
En détournant des réalités scientifiques Nathalie Borowski [France] cherche à réduire la possibilité qu’une hypothèse ou qu’une théorie soit fausse.
A travers son œuvre Ping Pong de l’Adn, elle réinterprète le codage génétique. L’artiste s’oriente vers une réalité onirique et ludique d’une allégorie de nos cellules en jouant avec l’idée de l’évasion et de l’autonomie de ces dernières échappées de leur cadre originel. Sur chaque cellule, ici matérialisée par une balle de ping-pong, dont la symbolique du rebond lui confère une dimension de mouvement, est dessinée une forme imaginaire et unique dont la création hybride rappelle une « chimère ». En génétique, une « chimère » est un organisme animal issu d’une double ou multiple fécondation. Elle renvoie d’une certaine façon aux mythes grecs d’une créature fantastique hybride et symbolique d’un «multiple » d’êtres possédant les attributs de plusieurs animaux.
En détournant la balle de sa finalité originelle du jeu, en la disséquant, elle lui confère une autonomie retranscrite par le détachement de son « cocon ». www.nathalieborowski.com
Dans un monde où l‘humain est confronté à l’éloignement de l’irrationnel, comment ressusciter l’art primitif tout en gardant sa force mystique afin que le spectateur puisse y retrouver poésie et voyage intérieur ? Tel est le but de la recherche de Daisy Bruley [France] .
Tenter de raconter une histoire que chacun peut s’approprier tout en se laissant envahir par la propriété enchanteresse de chacune des créatures. Au travers d’assemblages anthropomorphiques faits de plumes, écorces, tissus, peaux, os, perles, terres … le travail de Daisy Bruley est une exploration d’un continent inconnu.
L’objectif est de révéler l’imaginaire de chacun. Inspirées aussi bien de l’Art vaudou, inuit, africain traditionnel et amérindien, ces statues expriment force, sincérité et parfois angoisse. Les matériaux utilisés tiennent un rôle important d’envoûtement par leurs caractères éphémères et périssables.
L’approche esthétique de cette recherche ethnographique entoure ces objets d’une forte tension, et une poésie profonde émane de cet univers inquiétant. www.daisy-bruley.fr
Lysanto [Bulgarie] s’intéresse au thème de la mémoire personnelle : les souvenirs, l’empreinte du temps, les ressentis émotionnels. Elle considère que notre sensibilité en tant qu’être humain, est le produit d’un mélange des couches successives de la mémoire et de l’expérience individuelle. Cela se traduit dans son travail par la création d’un espace complexe fait de superposition des lavis des pigments minéraux et de collages multiples.
“La mémoire est la preuve vivante que nous devenons autres, parce que nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses. Je transforme mes expériences personnelles en allant vers un langage plus universel.
Dans ma série “Les couleurs de souvenirs” j’interroge notre inconscient, l’incertitude de l’être. C’est à nous que c’est arrivé, c’est nous qui l’avons vécu. Que reste-t-il en nous des souvenirs disparus? Comment la couleur s’inscrit-elle dans le champ de la mémoire ?” [Lysanto] www.lysanto.com
JD Doria [Israël] capte à travers son projet photographique « Petri-Dish » les changements d’états de de la matière.
En utilisant une table de verre comme support, il agence couleurs et mediums différents pour les rendre actifs et générer des processus chaotiques. Puis intervient la photographie. Chaque œuvre est composé d’une image circulaire capturant la métamorphose du stade initial au stade final. www.jd-doria.com
Vr 84 [France] questionne, dans ce projet “Women in the City”, le rapport des femmes à l’espace urbain. Des modèles féminins - rencontrés la plupart du temps par le biais du bouche à oreille - effectuent une courte interview informelle à l’atelier de VR84. Ces femmes, de différents âges et de différents milieux socio-culturels, répondent à un questionnaire relativement variable qui traite de leurs expériences personnelles par rapport à l’espace urbain. Tout ou partie de ces entretiens est ensuite mêlé au portrait ou diffusé sous forme d’enregistrement sonore. Anecdote du quotidien, sentiment de vulnérabilité, sentiment de sécurité ou d’insécurité, sentiments de peur plus ou moins fondés ou agression réelle ; chaque portrait réalisé délivre la singularité de son histoire, de sa vision de l’espace urbain.
ce parti pris artistique révèle des problématiques sociétales fortes. Le postulat est que l’espace public urbain occidental est par définition destiné à tous et à toutes. Son accès se devrait par conséquent d’être non discriminant et égalitaire. Or, on constate qu’il y a dans cet espace des rapports de pouvoir inhérents aux rapports sociaux de sexe. Selon le géographe Guy Di Méo, les femmes érigeraient ce qu’il nomme des “murs invisibles”, autrement dit des barrières inconscientes. Ces barrières varient d’une personne à l’autre et d’un jour à l’autre en fonction des émotions, ainsi que de différents facteurs tels que l’âge, le niveau socio-économique, la situation personnelle ou l’environnement culturel dans lequel elles vivent. Ceci ne constitue qu’une amorçe interrogative qui révèle les enjeux profonds de ce projet dont le champ d’étude demeure vaste et étendu.
Ce projet agit donc comme un révelateur. Il n’est pas féministe mais résolument humaniste. Soulevant ces questions complexes, il revendique sa liberté par une réappropriation de l’espace urbain et un droit à la ville partagé. www.vr84.com
Samuel Ab [France] est réalisateur et photographe ; Il présente pour cette exposition cinq courts métrages qui s’inscrivent dans le projet Walk’n’roll plateforme d’exposition audiovisuelle en ligne. Walk’n’roll est conçu comme un laboratoire d’idée collectif ou chaque film est une graine en évolution. L’idée est de présenter des films en cour de construction, une sorte de carnet de notes sur lequel on a la possibilité de revenir à tout instant.