Les impressions que nous laissent les lieux, les personnes, la nature ou les objets font partie intégrante du processus d’accumulation de souvenirs et d’associations d’idées. Celles-ci permettent de comprendre le processus de production par l’esprit de moyens de communication et d’invention.
L’exposition Languages of Environment propose de mettre en regard le sculpteur israélien Avi Sperber et la plasticienne américaine Suki Valentine, qui s’approprient l’environnement ou la nature dans leur écriture artistique. Chacun dans son processus propose un nouveau langage pour décrypter ou réorienter la perception que nous avons de ce qui nous entoure.
Quand Avi Sperber envisage l’environnement comme un espace à investir pour relier les individus, les reconnecter, Suki Valentine le convoque comme une ressource riche de parallèles avec la condition humaine.
AVI SPERBER
Avi Sperber est un sculpteur sur pierre israélien actif au niveau international. Ingénieur et concepteur de réseaux routiers, il cartographie et connecte les hommes entre eux à travers les territoires. C’est habité par cette pratique et par sa connaissance du lieu et la substance de l’espace dans lequel nous nous déplaçons et travaillons, que son travail de sculpteur se déploie, à la fois dans l’utilisation de matériaux naturels et massifs ainsi que dans son appropriation de l’environnement physique.
« La pierre, pour Avi Sperber, est comme une fissure symbolisant la perpétuité et le passage au-delà de la temporalité. » (Doron Polak – curateur)
Face à un monde de plus en plus virtuel, vaste et construit à partir d’un réseau de relations, où chaque sujet se rapporte à une multitude d’autres sujets, Avi Sperber rapporte à son travail la relation des Hommes à leurs cultures, à la nature et au cosmos.
L’artiste utilise des cartographies de sites célèbres situés à des intersections importantes dans le monde afin de traduire les tracés, contours et lignes à travers la sculpture de pierre.
L’ère de la cartographie numérique à portée de Smartphone est également une inspiration pour Avi Sperber qu’il emploie pour créer un nouveau langage et dessiner les hiéroglyphes décrivant notre temps.
SUKI VALENTINE
Le travail plastique de Suki Valentine s’articule sur l’ambivalence présente dans l’ensemble de la nature à des degrés plus ou moins complexes : pour l’artiste, tout est affaire de dosage ou d’intention. Dans sa série Botanique, la dose fait le poison, la plante se révèle tantôt salvatrice tantôt destructrice, évoquant le pouvoir de vie et de mort. L’artiste convoque pour cela une série d’avatars-déesses incarnant les facettes vénéneuses du végétal, métaphores des versants les plus sombres de l’humanité. Il s’agit de ne plus idéaliser la nature, mais de l’envisager pour ce qu’elle est, dotée d’une forme d’intelligence et de conscience qui lui est propre, distincte de la volonté humaine.
Avec The Liminal Codex, Suki Valentine nous invite à effectuer un chemin initiatique, parcourant les arcanes de notre psyché et de notre inconscient, afin de descendre et de transcender nos ombres et nos démons pour pouvoir enfin nous relier au Vivant / à la Vie.
C’est au prix de cette réconciliation avec son environnement, en le reconnaissant comme altérité radicale – et s’inspirant de la sagesse et de la philosophie du végétal - affrontant ses peurs les plus profondes, dépassant ses limites pour imaginer et créer de nouvelles relations, que l’être humain assurera sa survie.